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Oh Les Beaux Jours – Samuel Beckett

Mise en scène: Françoise Sabarots

Distribution:

Winnie: Marie-Claude Pluviaud

Willie: Michel Gérard

 » Echouez mieux  »
Devise de Samuel Beckett (1906-1989)

 » Etrange ? (un temps) Non, ici tout est étrange .  » dit Winnie, enlisée dans un sol aride, désertique : une situation limite symbolisant le tragique de la condition humaine tout entière. Nous sommes tous des enterrés vivants… dans l’incapacité à dominer le Temps qui, à mesure qu’il passe, nous emprisonne, nous fige et nous engloutit.  » Oh les beaux jours « , c’est de la métaphysique en action. Car l’action est là, dans l’immobilité ambivalente et rituelle de la dramaturgie. Winnie se débat avec ce qu’il lui reste d’objets familiers – elle a littéralement  » plus d’un tour dans son sac ! » – de gestes, de paroles et de silences dans la répétition dérisoire du quotidien, de mots dans sa mémoire vacillante… (Celle de la comédienne doit au contraire être sans faille !) Jean-Louis Barrault écrivait joliment à son propos :  » C’est une damnée de l’espérance.  » En effet, elle n’abandonne jamais. Et puis il y a Willie, son vieux compagnon, présence à demi-cachée et peu loquace, mais sans qui elle ne pourrait exister…
Et surtout,  » Oh les beaux jours  » est une aventure particulière entre le personnage et son public – le titre n’est pas aussi paradoxal qu’il le paraît- A travers Winnie, Beckett en appelle au courage et à l’engagement actif du spectateur qu’il veut lucide et exigeant, dans le refus radical du consumérisme facile comme de la surenchère spectaculaire. Par une écriture-partition à la fois évidente et insolite il mêle humour noir et compassion pudique, banalité du langage et poétique de la déconstruction, reflétant le doute ou l’absurde qui ronge l’existence humaine.  » Et maintenant ?  »
La réponse est là -qui ne résout rien – dans cet acte de grand et beau théâtre que nous offre Beckett l’artiste et l’humaniste.
 » Oh le beau jour, … encore un… Ça que je trouve si merveilleux…  »