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Gigi – Colette

Mise en scène: Françoise Sabarots

Distribution:

Gigi: Elsa Fredon

Gaston Lachaille: Jean-Luc Brunet

Andrée: Anne-Marie Kenanne

Madame Alvarez: Jeanine Sarget

Tante Alicia: Marie-Claude Pluviaud

Victor: Richard Gazaud

« Gigi » n’est pas un conte de fées, ni l’édifiante histoire de la vertu récompensée ou de l’innocence échappant au vice par le miracle d’un riche mariage d’amour… Même si amour et mariage il y a, ce n’est pas le Prince Charmant que rencontre cette Cendrillon. C’est à travers la surprise du trouble amoureux, la conscience de sa propre défaite face à l’impossibilité d’une réelle émancipation, dans un monde – et même un « demi-monde »- où sous les guipures et autres froufroutantes séduction « Belle Epoque », la sujétion de la femme aux besoins de l’homme est assimilée à sa prétendue « nature », et s’inscrit de ce fait dans sa formation et son destin. Mariage – avec dot de préférence!- ou galanterie? Qu’importe au fond: la jeune fille demeure une valeur d’échange, et elle devra apprendre à gérer le produit de son capital initial. Son pouvoir éventuel ne pourra s’exercer que dans le cadre strict d’un dressage réussi, et toute rébellion n’est désormais qu’enfantillage. Certes les sentiments viennent adoucir la brutalité des tractations dont elle fait l’objet, mais ne changent rien à la loi du marché. Car même amoureuse et finalement consentante, Gigi reste sur le seuil de la porte qui ne pourrait s’ouvrir sur la vraie vie qu’au prix de l’arrachement et de la solitude. Mais alors il ne s’agirait plus de Gigi, mais de son double: Claudine et au-delà, Colette elle-même… Ainsi l’apparente « happy end » ne résout rien. Ce n’est que l’esquisse d’un possible commencement , « la naissance du jour » où ex femme à l’égal de l’homme, devienne une personne à part entière, responsable d’elle-même et de ses choix. Un être libre. Aujourd’hui, nous sommes encore au début. Et cette pièce au charme équivoque et à la drôlerie douce-amère est toujours de notre temps.